Le tableau mystérieux
Un tableau, une maison, des questions ... des réponses ... et plus encore
Marcel Pérez - Montréal le 28 avril 2007
Mon
frère Roger et moi sommes heureux d'annoncer que le tableau
représentant une maison de style mauresque non
dientifiée, après bien des péripéties, a
été acheté aux enchères le 24 avril dernier
par des héritiers du dernier propriétaire avant 1962.
La maison est maintenant identifiée, il s’agit de Caïd el Bab.
L’existence de ce tableau
nous avait été signalée au printemps 2006 par Georges Lévy (Le courrier de Georges Lévy)
qui en avait trouvé un peu plus tard une image sur internet.
Il s'en était suivi de longues enquêtes pour identifier la maison inconnue.
Cette histoire, qui s’étire sur une année entière mérite d’être racontée.
Georges Lévy, natif
d'Alger (vivant maintenant en Israël), trouve sur internet le site
de Roger en tapant "Birkadem". Sur le site il découvre mon texte
Birkadem, Birkadem ... et par la même occasion, mon site Souvenance et mon dossier des norias.
Au début du mois de mai
2006, il contacte Roger pour dire qu'il n'est pas natif de Birkadem mais
que ce village est étroitement lié à sa petite
enfance et nous explique pourquoi.
On lui écrit alors pour
lui suggérer de rédiger un texte relatant ces faits,
comme nous le faisons toujours avec les visiteurs qui prennent contact
avec nous en nous parlant de leurs souvenirs.
Il accepte et envoie un
texte puis dit à Roger qu'il avait aussi écrit un
poème sur ses séjours à la campagne et le son des
norias. Il nous envoie alors ce sesond texte en y joignant une photo
d'une maison mauresque qui, dit-il, pourrait nous intéresser, un
tableau intitulé Scène de rue à Birkadem,
signé par Charles Pichon, un peintre qu'il ne connaissait pas.
Il l'avait trouvé par
hasard en tapant "Birkadem" dans Google. Le tableau
figurait alors sur un catalogue de vente aux enchères. Quand
j'ai vu la photo, je l’ai trouvée intéressante et
j'ai décidé de l'afficher sur la page de Monsieur
Lévy à la suite de ses deux textes.
C'est donc le geste de Monsieur
Lévy. ce simple envoi d'une photo, qui
a déclenché tout ce qui allait suivre.
Et nous lui en sommes d'ailleurs très reconnaissants.
Mais, deux questions se sont
alors posées : qui était ce peintre et où
était située cette maison.
La première enquête
En cherchant bien, j’ai
fini par trouver, grâce à Google, dans un autre catalogue
d'enchères, deux autres aquarelles du même peintre
exécutées à la même période (Catalogue Tajan).
J'ai aussi découvert un pochoir "La Tonnelle" publié en
1921 dans "La Gazette du bon ton", qui est signé Charles Pichon,
mais qui pourrait bien être d'un tout autre peintre. C'est en
tout cas l'opinion de la directrice de Artophile,
la
Galerie d'art canadienne qui met en vente cette œuvre .
Elle ne connaît pas ce Charles Pichon et pense que le pochoir
qu'elle tente de vendre n'est pas de la même main que
les aquarelles peintes en Algérie. Aucun des ouvrages
connus portant sur le courant Orientaliste ne mentionne le nom de
Charles Pichon.
Nous étions donc dans une
impasse et jusqu'à ce jour, tous mes efforts, ceux de Roger et
d’autres intervenants ont été vains. Impossible de
retrouver d'autres traces de ce peintre.
Mais déjà,
grâce à cette série de coïncidences, nous
avions fait un bon bout de chemin. Cependant, il restait à
identifier la maison.
La deuxième enquête
C’est là qu'entre
en jeu notre ami Hamza Ould Mohand, un amoureux de Birkhadem, qui
parallèlement à nos enquêtes, faisait de son
côté des recherches pour reconstituer des pans de la
petite histoire du village (découvertes de norias, etc.). Et
lui, sur place, ayant lu les courriers et vu la photo du tableau sur le
site, est allé observer les anciennes maisons de style mauresque
et nous a annoncé un jour qu'il y avait de grandes chances que
la maison inconnue soit Caïd el Bab. Sa découverte aura
été essentielle à la résolution de
l'énigme et à la suite des choses. Les photos qu'il nous a
envoyées nous ont convaincus que c'était bien ça.
Inutile de vous dire à quel point nous étions tous heureux.
Et c'est alors que Roger a
contacté des héritiers Pitavy et Vigna qui ont confirmé
définitivement l’identité de la maison inconnue.
Pour nous l'histoire du tableau s'arrêtait là, mais pour eux, c'en était une autre qui commençait :
la recherche du tableau et son acquisition réussie,
La boucle était bouclée.
Le tout s'était étalé sur une année complète.
Dans cette histoire, il y a donc
eu une longue série de coïncidences et de hasards, avec des
acteurs éparpillés dans 4 pays différents,
la France, le Canada, l'Algérie et Israël. Mais tout cela
aurait pu aboutir à presque rien n'eut été de la
curiosité et la détermination des personnes
impliquées et surtout, surtout, ce sentiment partagé par
tous, l'amour de ce coin de terre qui nous a tous tant marqués.
Et quand on sait, en plus, que
des héritiers de l’ancien propriétaire ont pu
retrouver une trace tangible de leur passé, alors que dire ?
Nous sommes tous vraiment comblés !
Reste l'énigme du peintre inconnu ...
Un peintre autodidacte natif de la région ou un voyageur de passage qui aurait pris des photos puis s'en serait inspiré pour en faire des tableaux ?
Nous n'avons pas baissé les bras. Nous continuons à chercher. Et un jour, peut-être, nous saurons.
Marcel Pérez