C’est l’histoire
extraordinaire de l’achat d’un tableau, intitulé
« scène de rue à Birkadem », que nous venons
d’acquérir aux enchères, ma femme et moi, par un
concours de circonstances inimaginable avec de multiples intervenants
qui tous nous ont permis cette acquisition.
L’histoire commence par une information de mon beau-frère
Philippe me disant avoir tapé sur Internet Google «
Birkadem » et avoir trouvé un site intéressant de
Roger Pérez.
Curieux, je tape de mon côté ce nom de village, qui pour
moi évoque des souvenirs tellement forts que je ne cesse
d’y penser. En effet, Birkadem (ou Birkhadem) est l’endroit
où ma femme Annette a vécu la plus grande partie de son
enfance depuis le début de la guerre 39-45,
jusqu’après son mariage, où a vécu notre
premier fils pendant près de deux ans, et où moi
j’ai, avant de me marier, été accueilli par ma
belle famille grâce d’ailleurs au frère
d’Annette, Pierre, ami du lycée Gautier d’Alger qui
m’a fait connaître tous les siens.
Mes beaux-parents avec leurs cinq enfants ont habité la
propriété Djenan Caïd el Bab à partir de 1939
jusqu'à l’indépendance, propriété
qui, à l'origine, faisait 28 hectares avec une splendide maison
turque, appartenant par héritage à ma belle-mère,
à la mort de sa mère Madame Arnould. La famille Arnould
l'a acquise en 1863, d'après les documents d'archives en
possession de la famille. Messieurs Arnould père et fils
(Charles) n'ont cessé, de leur vivant, d'embellir cette maison
en y apportant une splendide collection de faïences de toutes
origines, principalement de Turquie en en conservant son cachet de
vieille demeure et en l'agrandissant tout en gardant le style et
l'architecture d'antan.
Les Birkadémois appelaient souvent "Djenan Caïd el Bab" la
propriété Pitavy du nom de mon beau-père.
Djenan Caïd el Bab - vue d’ensemble de la propriété
Cour mauresque de la maison avec ses faïences
Comprenez donc combien Birkadem est pour ma femme et moi un mot magique
qui chaque fois qu’on en parle déclenche des souvenirs
nombreux et variés.
C’est ainsi qu’en nous inscrivant sur le site de Roger
Pérez et par ricochet sur celui de son frère Marcel, et
en lisant tout ce que leurs sites contenaient, nous découvrons
dans les pages écrites par Georges Levy sur les norias de
Birkadem, par hasard une photo d’une aquarelle peinte par un
Monsieur Charles Pichon, intitulée « scène de rue
Birkadem », qui ressemblait fortement à une des
entrées de la maison de mes beaux parents.
Nous n’étions pas les seuls intrigués, puisque
Marcel, bien avant que je ne m’intéresse à cette
peinture, avait commencé une enquête pour savoir qui
était ce Charles Pichon, qu’avait-il peint d’autre,
bref une véritable enquête auprès de tous ceux qui
de près ou de loin touchent à la peinture. Marcel,
toujours grâce à Georges Levy, avait trouvé deux
autres aquarelles faites par le même peintre sur Alger, et un
pochoir qui ne semblait pas être du même auteur, mais
aucune indication sur celui-ci.
Toutefois, toutes les recherches n’aboutissaient
qu’à une impasse, le peintre étant inconnu et
l’intitulé de l’aquarelle peinte à Birkadem
étant des plus imprécises.
Mais Internet est une mine et tous ceux qui s’intéressent
à un sujet se retrouvent à un moment ou à un
autre. C’est ainsi que M. Hamza Ould Mohand, amoureux du Birkadem
présent et passé, habitant lui-même Birkadem, qui
parallèlement aux recherches de Marcel et Roger, faisait de son
côté pour lui-même et pour les Pérez,
d’autres enquêtes pour reconstruire des pans de la petite
histoire du village, alla observer les anciennes maisons turques de la
région et indiqua alors que cette scène de rue concernait
probablement Djenan Caïd el Bab ; ce en quoi il ne se trompait
nullement puisque le porche de la maison que l’on voit sur
l’aquarelle est l’entrée de l’escalier qui
menait à la partie de la maison que nous avions occupée
ma femme et moi au début de notre mariage ; ma femme a
d’ailleurs ressorti une photo où elle est prise sur la
première marche de ce porche.
Porche de l’entrée de la maison que nous avons habitée avec ma femme,
à comparer avec celui peint par Monsieur Ch. Pichon
Mais c’est une chose que d’être très
intéressé par cette aquarelle, c’en est une autre
que de se dire « j’aimerais l’acquérir
», sans savoir où elle se trouve et qui la possède.
C’est là encore que les amis et la magie d’Internet ont agi.
N’étant pas un grand spécialiste de la recherche
sur Internet, je me suis adressé à une amie,
Françoise BB, pro de la « toile » et de tout ce que
l’on peut en tirer. Elle a su exploiter les informations
qu’avait données Georges Levy à l’origine en
disant qu’il avait vu une des aquarelles à une vente
aux enchères en France.
Parallèlement, je mettais à contribution un de mes
cousins, qui a été longtemps dans
l’atmosphère de Drouot pour savoir s’il avait
entendu parler de Pichon et de la vente aux enchères d’une
de ses aquarelles. Il me répondit par la négative.
Françoise s’est mise à rechercher qui avait pu
vendre un tableau Pichon et en final, elle m’indiqua qu’un
commissaire priseur de Toulouse avait mis aux enchères en
novembre 2006 le tableau que je recherchais.
Miracle de l’information !!!
Je téléphonais aussitôt au Commissaire Priseur, et
je tombais sur la personne qui avait procédé à la
vente aux enchères, celle-ci me disant que le tableau
n’avait pas trouvé acquéreur. Elle me
précisait que le tableau serait remis en vente au cours du
premier trimestre 2007, probablement à fin mars. En fait la
vente eut lieu le 25 avril 2007. Je mettais de nouveau un ami à
contribution, habitant Toulouse pour me représenter à la
vente et suivre les enchères à ma place en
espérant que le prix d’acquisition resterait dans des
limites raisonnables et au pire ne dépasserait pas ce que je
pouvais mettre.
Mon ami toulousain qui aime suivre ce type de vente a su bien me
représenter et a pu sans renchérir outre mesure,
acquérir la toile dans la limite que je lui avais
indiquée.
Voici donc l’histoire de ce tableau acquis grâce à
une multitude de personnes qui d’Algérie (Hamza Ould
Mohand) en passant par Israël (Georges Levy), le Canada (Marcel
Pérez) et enfin la France (le site de Roger Pérez,. les
amis de Paris, Aix en Provence, St Victor Lacoste, Toulouse), sans
oublier celui là même qui est à l’origine de
tout, le peintre Charles Pichon, m’ont permis d’avoir ce
souvenir qui trône maintenant dans ma salle de séjour.
Ce qui est à souligner, c’est que ce tableau peint en 1936
(date inscrite sur le tableau) revienne à la famille en 2007
alors que personne dans l’entourage de mes beaux-parents
n’avait eu connaissance de son existence.
Comme m’a dit un ami peintre, ce n’est pas une «
Grande aquarelle » ; elle est, dans sa peinture, un peu primitive
mais elle a, pour ma femme et moi, un tel parfum de souvenirs
qu’elle représente plus qu’un grand Orientaliste.
Je cite pour mémoire tous les sites que le lecteur de cette
historiette pourra consulter, qui m’ont permis moi-même de
pouvoir vous conter les faits ci-dessus :
http://birkadem.free.fr/ : site de Roger Pérez
http://souvenance2005.free.fr : un des sites de Marcel Pérez
http://souvenance2005.free.fr/Norias/MaisonduSahel/
http://souvenance2005.free.fr/CaidelBab.html
http://www.pages-tambour.com : site de Françoise Bernard Briès
http://www.pages-tambour.com/benegro.html
Un grand merci à tous !
© Bernard et Annette Vigna Pitavy, le 27 mai 2007